Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/443

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inconnues chez nous, et qui ne distinguent pas, tant seulement, le seigle de l’avoine. Mais quand même on me le dirait, je n’en croirais du tout rien.

On pense bien qu’étant toujours dehors et dans les bois, je n’avais garde d’oublier la chasse. Et, en effet, je l’aimais toujours de passion, et mon fusil était toujours dans la cabane, chargé, tout prêt. Seulement il ne faut pas croire que lorsqu’on est au travail, et qu’on a des fourneaux allumés on puisse faire péter le bâton percé aussi souvent qu’on veut : ce n’est que toutes les fois qu’on peut.

Tout de même, j’avais quelquefois de bonnes aubaines, comme lorsque j’enlevai toute une nichée de louveteaux dans la forêt, du côté du Cros-de-Mortier. Ma femme les porta à Périgueux dans un panier, gros comme des petits chiens de trois semaines, et on lui donna la prime, qui nous servit bien pour faire un peu arranger notre baraque de maison et y faire ajouter une chambre.

Je tuai encore, depuis, quelques sangliers, à l’affût ou au passage, et puis trois autres loups, par le moyen que voici : à la saison, qui est l’hiver, j’appelais les loups en hurlant dans mon sabot, comme une louve en folie. Je l’imitais si bien qu’une nuit, de l’endroit où j’étais embusqué, je vis quatre beaux loups arriver, qui jetaient des hurlements de réponse, et bientôt commencèrent à tourner autour les uns des