Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/365

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sement présente à ma pensée, je vous demande la vie de ses assassins. Légalement vous pouvez les tuer ; humainement, vous ne le devez pas !

Ayant dit, le docteur se retira, poursuivi par un murmure général d’improbation, auquel le président prêta une formule en déclarant que de pareilles doctrines sapaient les bases essentielles de la société.

Tous les témoins entendus, le procureur du roi prononça un réquisitoire véhément, où, comme le président, il fit justice des théories dangereuses débitées par le témoin Charbonnière. Après avoir établi prolixement les faits et calculé scrupuleusement les charges, il réclama la peine de mort contre Badil et trois de ses co-accusés, les travaux forcés à perpétuité et à temps contre les autres criminels, et des peines de prison pour les simples pillards, graduées selon les cas.

Les avocats firent ingénieusement leur métier, chacun discutant les charges qui pesaient sur son client et s’efforçant de les rejeter sur ceux de ses confrères. Un seul osa faire remonter la responsabilité des crimes commis jusqu’aux instigateurs, mais il fut promptement arrêté par le président.

Enfin, le quatrième jour, après une longue délibération du jury, la Cour infligea aux accusés des peines allant des travaux forcés à perpétuité, avec exposition au carcan, jusqu’à un an de prison. Parmi les condamnés à vie étaient Queyrol, Moural, Trigant. Grâce à des protections, Pirot s’en put tirer avec vingt ans de bagne et Fréjou avec dix ans. La Cadette en fut quitte pour cinq ans d’emprisonnement, qu’elle ne fit même pas, car elle mourut peu après. Quant à Badil, accablé sous les déclarations unanimes de ses complices qui s’efforçaient de sauver leurs têtes,