Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/91

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pays, — que Daniel projetait de faire porter son enquête, sans en prévoir toutes les difficultés. Dès le lendemain, levé de bonne heure, il s’achemina vers le petit bourg de Saint-André. Comme il y parvenait, il vit sur le seuil d’une vieille maison un personnage d’honnête corpulence, aux cheveux grisonnants, habillé comme un gros propriétaire campagnard et guêtré jusqu’aux genoux.

— Ma foi, monsieur, vous ne pouvez mieux vous adresser, ni plus à propos ! répondit ce personnage à l’interrogation de Daniel, je suis le maire et j’arrive à l’instant même : entrez donc, s’il vous plaît.

Lorsqu’ils furent assis, dans une pièce enfumée, près d’une grande table encombrée de papiers poussiéreux, Daniel déclina son nom et exposa le motif de sa visite. Pendant qu’il parlait, le maire faisait tourner sa tabatière entre ses doigts et chassait d’une chiquenaude les grains de tabac tombés sur son gilet à palmes.

Quand le docteur eut achevé, M. du Guat, ainsi, à son tour, s’était-il nommé, lui dit posément :

— Monsieur, j’ai connu votre feu père qui m’a même rendu un notable service à l’époque de la grande terreur révolutionnaire. C’est pourquoi, sans vouloir aucunement vous détourner de vos louables projets, qui, s’ils étaient réalisables, régénèreraient la contrée, je vous demande la permission de vous soumettre quelques objections dont vous ferez l’usage qu’il vous conviendra.

» Vos moyens d’assainissement comportent d’abord la destruction des étangs. À ce propos, il vous faut compter sur la résistance obstinée de tous les propriétaires… De tous, non, car je dessécherais, à la première mise en demeure, les deux que je possède…