Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/102

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ni droits de mutation, ni autorisations à demander, ni formalités à subir ! — Aussi, malgré l’opinion courante en Europe, non seulement l’agriculture, mais l’industrie et le commerce ont-ils pris, en Chine, un développement incomparable. Cela ne paraît pas, parce qu’il n’y a pas de grandes usines avec de hautes cheminées comme chez nous, pas de grandes agglomérations d’ouvriers, pas de grands sifflements de vapeur, ni de grands bruits de marteaux ; mais défiez-vous. Chaque Chinois a peut-être cinq ou six métiers au bout de ses doigts, et peut devenir, à volonté, cultivateur, tisserand, vannier, cordonnier, forgeron même. On vous fondra, quand vous voudrez, des canons et des obus, et des statues de 60 pieds, dans des baraques dont vous donneriez à peine quelques francs. — Voilà contre quoi viennent se heurter vos efforts, votre commerce, vos milliards, vos armées, vos engins et le reste. Nous sommes, voyez-vous, trop chargés d’impôts et d’entraves de toutes sortes pour que nous puissions raisonnablement lutter contre les Chinois. — Et d’ailleurs, savez-vous ce qu’ils feraient le jour où vos importations leur causeraient de sérieuses inquiétudes ? Une chose bien simple. Ils feraient ce qu’ils ont fait pour l’opium, qu’ils ne produisaient pas, et qu’ils produisent depuis qu’on leur a imposé l’opium des Anglais : ils installeraient chez eux des métiers, des filatures et des usines à vapeur de toutes sortes, comme ils en ont