Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/138

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pêcheurs, qu’ils trouvent en effet en grand danger, mais qu’ils réussissent à sauver. La chapelle de Notre-Dame-de-la-Garde n’est pas plus décorée d’ex-voto que la pagode où l’on a placé l’image de cette jeune fille.

Les femmes travaillent peu en dehors de la famille. Quand elles sont forcées d’en sortir, c’est pour entrer dans d’autres familles en qualité de domestiques, et elles y sont traitées comme des parentes. A Shang-haï, cependant, un assez grand nombre fréquentent les ateliers de filature de soie que les Européens y ont établis depuis une vingtaine d’années, mais elles sont mal vues du reste de la population. Quant aux travaux des champs, je ne connais que trois ou quatre provinces où elles y soient employées comme ouvrières salariées, et alors elles forment de petits ateliers de deux ou trois, séparés des hommes. On a beaucoup parlé en Europe. de la déformation du pied des femmes chinoises, et plusieurs personnes veulent absolument y voir un signe de leur asservissement. J’ai souvent interrogé les Chinois à ce sujet, et je n’en ai jamais obtenu d’explication sérieuse. Les uns me répondaient par une de ces plaisanteries que les hommes de mauvais goût ont, dans tous les pays, l’habitude de se permettre sur le compte des femmes ; les autres n’en savaient pas plus que nous n’en savons nous-mêmes sur la déformation du crâne chez les Toulousains, ou du buste chez les femmes européennes qui se sont soumises à l’usage du corset. On dit que cette mode a pris nais-