Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des sociétaires se trouve gêné au moment d’acquitter sa quote-part, il obtient très aisément de celui de ses collègues à qui doit échoir cette année-là, le capital commun, qu’il lui cède son tour, pourvu qu’il l’en prévienne quelques jours d’avance.

Tel est, en peu de mots, le genre d’association le plus fréquent chez les Chinois. On peut même dire qu’il n’est aucun individu qui n’en fasse partie, car il s’applique à toutes sortes de buts, depuis l’étudiant qui a besoin d’aide pour arriver aux grades littéraires, depuis le paysan qui veut entrer en ferme ou acheter un buffle, jusqu’à la mère de famille qui songe au trousseau de mariage de sa fille, et même jusqu’au gamin des rues qui vient d’obtenir quelques centimes de la bonne grâce des passants.

Enfin, l’individu assez malheureux pour n’avoir pas même à offrir à son ami cette garantie morale, unique condition de ces petites sociétés, a une dernière ressource. Il émigre, va en Amérique, en Australie, n’importe où, emporte avec lui du riz, du poisson sec qu’il achète avec les avances que lui donne la Compagnie qui l’engage, et là, il a bientôt fait, sur les salaires de 2 ou 3 francs qu’il reçoit, d’économiser de quoi rentrer dans son pays et commencer un petit commerce on un petit métier. Il en faut si peu ! La vie est si facile en Chine ! Songez que 500 francs, par exemple, entre les mains d’un Chinois, en valent peut-être 4 ou 5,000 en Europe. Songez à la simplicité des moyens