Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/147

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lentement. Si vous n’êtes point, au fond, prudent, prévoyant, laborieux, bon, juste, ne faites point d’agriculture. Cela ne s’acquiert pas, cela se récolte des siècles. Si vous n’avez pas de foyer, ou si, en ayant un, vous ne pouvez d’abord y asseoir la paix, la sécurité, l’ordre et l’honneur, vous ne ferez jamais de bonne agriculture. Si vous n’avez pas de traditions, si vous n’entrevoyez pas dans le lointain avenir les générations auxquelles vous laisserez, avec votre nom, le fruit de vos labeurs, jamais, malgré vos formules et vos machines, vous ne vous élèverez au niveau du plus simple cultivateur chinois.

Voilà, je le répète, l’agriculture de la nation chinoise. En voilà le secret. Il est tout en deux mots : travail et justice. Et il est dans le cœur de chaque Chinois. Que lui faut-il de plus ? D’instruments, il en a peu ; on les aperçoit à peine. Mais ce que l’on ne sait pas assez, et ce que je voudrais que tout le monde pût voir, c’est l’ardeur de ces millions d’ouvriers des campagnes, que ne rebute aucune besogne, même la plus répugnante ; c’est, lorsque le soir arrive et que la nature elle-même semble avoir fini sa journée, se dresser, devant les maisons dans les villages, le métier du tisserand, s’allumer la lampe qui lui permettra d’ajouter quelques heures aux heures déjà remplies, ou bien, une lanterne fixée sur la tête, le paysan rentrer dans le champ qu’il vient de quitter et continuer son labeur. Ce qu’il faudrait voir surtout, c’est la sollicitude