Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/164

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congédiée. Tous payent de la perte de leurs emplois ou de leur trône ce que le peuple a payé de son bien-être, le cultivateur de sa récolte. Il va sans dire que si ces occasions servent les ressentiments du peuple, elles lui servent aussi à témoigner ses sympathies en retenant malgré tout ceux qui ont su se les concilier. — Il y a encore d’autres circonstances où cette responsabilité devient une ressource et un moyen bien précieux. Personne n’est parfait, un fonctionnaire moins que tout autre ; du moins il n’est personne dont on ait plus souvent lieu de se plaindre. On patiente longtemps, on lui fait faire des remontrances ; enfin, lassés, les gens de la campagne refusent l’impôt et ceux de la ville ferment boutique. Plus d’affaires, rien ne va. Au bout de trois jours, si l’accord ne s’est pas rétabli, le fonctionnaire est destitué. C’est commode et cela se passe sans bruit. — Pour le général qui a livré une parcelle de territoire à l’ennemi, pour le gouverneur qui l’a laissé entrer dans une ville, pour l’ambassadeur qui n’a pas su éviter une guerre ou dont la signature a entraîné la violation du sol de la patrie, ce n’est plus d’une simple destitution qu’il s’agit. Le suicide seul peut faire excuser leur faute. L’expiation paraîtra, ici encore, d’une rigueur excessive ; mais du moins le peuple est assuré que personne ne l’engagera légèrement dans des aventures qu’il peut payer de son sang et de son travail ; et que si la guerre est un jour nécessaire, le soin de la plus légitime défense en a fait une inévitable nécessité.