Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/179

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les pertes de ceux que nous aurons à combattre. Le ministère chinois les désavouera, parce qu’en effet il les ignorera ; mais nous nous trouverons aux prises avec la nation la plus colossale et la moins réductible du monde. Voilà où nous allons. Voilà les dépenses et les dangers certains au-devant desquels nous courons aveuglément. Quant aux résultats probables que nous en tirerons, ils sont loin, à mon avis, de ceux auxquels on s’attend. Mais puisque j’ai été amené à parler de la question considérable qui se débat actuellement entre la France et l’Extrême-Orient, peut-être me permettra-t-on, au risque d’une digression que je m’efforcerai d’ailleurs de rendre aussi courte que possible, de présenter à ce sujet quelques considérations qui paraissent avoir échappé à l’attention de nos gouvernants.


V


Les raisons des conquérants sont toujours spécieuses. Faire rayonner au loin le génie de la patrie, étendre son influence, ouvrir à son commerce et à son industrie de nouveaux débouchés, augmenter par conséquent la quantité de travail et de pain à donner aux ouvriers de ses cités ; amener à la civilisation des populations attardées, les affranchir du despotisme et leur rendre à la fois liberté et dignité, etc.: tel est leur but. Si ces perspectives inspirent quelques doutes, ils en appellent