Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soixante-deux ans. — Il serait difficile de vous en donner le double, dis-je en souriant, mais il est certain que vous paraissez beaucoup plus vieux. » Il s’inclina de nouveau. Et en se relevant: « De quel honorable nom s’appelle le vieux monsieur ? — Si est mon humble nom. — Et le vieux monsieur est également un homme du Si[1] ? — Vous l’avez deviné, Ouang-Ming-Tse, » lui répondis-je en souriant du calembour. Il se mit à rire aussi: « Oh ! cela n’était pas difficile, Si-Lao-Yé[2] ; mais quel est le nom de votre honorable pays natal ? — C’est la France. » Les deux hommes saluèrent. « Et vos parents, Si-Lao-Yé, sont-ils en bonne santé ? — Ils sont morts, Ouang-Sien-Sen[3]. Ils sont morts depuis longtemps. — Nous vous plaignons sincèrement, Si-Lao-Yé. C’est pour cela sans doute que vous vous êtes décidé à quitter votre pays. — En effet, Ouang-Sien-Sen. Mais puis-je vous demander aussi si, plus heureux que moi, vous avez encore vos parents ? — Mon père est mort il y a trois ans, mais j’ai encore ma mère, Elle a quatre-vingt-douze ans et, grâce au ciel, elle se porte bien. — Votre famille est-elle nombreuse, Ouang-Ming-Tse ? — J’ai trois filles pjus âgées que Po-Y et une quatrième plus jeune ; elles sont mariées et n’habitent pas notre village. J’ai encore un fils plus jeune, marié aussi, dont

  1. Si, la première syllabe de mon nom français, devenue mon nom chinois, signifie : Occident.
  2. Vénérable Si.
  3. Monsieur Ouang.