Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

koteou[1]. Voici un garçon de quinze, ans qui en fait autant, et puis deux fillettes de douze et de dix ans, et encore un tout petit de trois ans et demi que tout le monde regarde en riant Mais lui, très grave, s’approche, s’agenouille, incline sa petite tête jusqu’à terre et se relève très fier d’avoir si bien accompli la cérémonie des grands.

Quant à moi, je me suis approché de la mère et de la femme de Po-Y, je leur ai rendu leur salut ; et faisant un geste amical aux enfants, j’ai repris ma place. Mais tout à coup, je songe que l’assemblée n’est pas complète: « Oh ! mais, où est la grand’mère, Po-Sien-Sen ? serait-elle malade ? — Non, Si-Lao-Yé ; seulement elle ne peut rester debout longtemps, et elle s’est attardée, mais la voici. » Elle arrive en effet, la bonne vieille, elle arrive lentement, conduite par le second fils de Ouang-Ming-Tse, venu chez son père pour me voir: elle arrive lentement, courbée par l’âge et s’appuyant sur un bâton. Je me hâte d’aller au-devant d’elle et lui fais mon plus grand salut, qu’elle me rend d’un regard joyeux, ne pouvant s’incliner. Qu’elle est vieille ! Oh ! mais qu’elle est vieille ! Son visage est tout ridé, ses mains tremblent et sa tête est branlante. Pourtant ses yeux, qui ont repris l’expression mélancolique habituelle aux vieillards, sont encore vifs : ses pauvres cheveux gris sont parés des mêmes fleurs qui ornent les coiffures de ses petites filles, et son maintien est plein de dignité. « Asseyez-vous,

  1. Le ko teou est le plus grand et le plus respectueux des saluts chinois.