Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/360

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En entrant dans la cuisine, les yeux se portent tout de suite sur une grande image coloriée, collée sur la cheminée, représentant deux vieillards assis, un homme et une femme. Ce sont les patrons de la cuisine ou plutôt les Génies du foyer, qui est essentiellement celui de la cuisine, par où toute maison a commencé. Les Génies du foyer, dans les idées populaires, protègent la maison et gouvernent l’existence des membres de la famille. Dans la soirée du 23e jour du dernier mois de l’année, ils quittent la terre et montent au ciel rendre compte au Grand Ordonnateur de toutes choses de la conduite de ceux qu’ils ont à garder, et ils ne reviennent prendre leur charge habituelle que dans la nuit du 1er jour de la nouvelle année. C’est une croyance au moins aussi répandue que chez nous les fables de saint Nicolas, du petit Jésus ou des cloches partant pour Rome le jour du vendredi saint. Pendant leur absence on remplace leur ancienne image, on nettoie et on met tout en ordre, et on finit par éteindre tous les feux. Puis le matin du premier jour étant venu, on se prépare à fêter leur retour qui a lieu vers les deux heures. Beaucoup ne se couchent pas pour l’attendre. Alors on rallume un feu nouveau et l’on prépare le premier repas de l’année, qu’on a bien soin de leur offrir avant d’y toucher. Comme à Noël et à Pâques, dans les différentes contrées de l’Europe, les bons Génies du foyer rapportent du ciel aux enfants chinois une foule de petits présents attendus, vous pouvez