Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/374

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Ouang et sa femme sont chargés de l’administration générale de la maison, l’un pour l’intérieur, l’autre pour l’extérieur. Mme Ouang a en outre à régler les dépenses, c’est elle qui tient la bourse. Mais au-dessus de tout le monde est l’aïeule, dont le fils et la bru n’exercent officiellement les pouvoirs que depuis deux ans. Elle les exerçait encore en 1865 au moins nominalement. Le jour où elle les délégua, on célébrait sa quatre-vingt-dixième année. La maison était pleine de tous les voisins, amis et parents venus, même de Fou-Tcheou, lui présenter leurs hommages et leurs félicitations ; ce fut le moment qu’elle choisit pour l’annoncer. Depuis lors elle ne s’occupe plus de rien ; mais elle n’est point oubliée ; chacun s’empresse autour d’elle et cherche à adoucir à force de déférence et de soins la mélancolie de ses dernières années.

Elle vivait encore en 1869, lorsque, devant quitter la Chine, j’allai faire mes adieux à la famille qui m’avait fait un si cordial et si charmant accueil. Trois ans de plus apportent bien des changements chez les vieillards et chez les enfants. Elle était sans doute bien cassée, bien voûtée, la grand’mère, mais elle n’avait pas eu un seul jour de maladie. Ouang-Ming-Tse, Po-Y et leurs femmes étaient toujours bien portants. Siu-Lien avait quitté la maison depuis longtemps ; elle était mariée et avait deux enfants. A-Pé, l’aîné, était marié et père d’un gros garçon qu’il me présenta. Les autres avaient grandi. Tchen, le deuxième, était presque un homme.