Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/376

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être, à ce compte-là, de 70 millions d’habitants. Pourquoi n’est-elle que de la moitié ? Mais pourquoi une seule récolte ? Les jardiniers en font bien plus. Avec deux seulement, c’est 140 millions d’hommes que la France devrait nourrir.

On fera d’autres objections. On parlera de la modicité de l’impôt chinois, et on l’opposera aux écrasantes exigences de nos budgets. On ne manquera pas enfin d’alléguer l’isolement de la Chine et les privilèges que sa situation lui confère, soit au point de vue des guerre étrangères auxquelles elle a pu se soustraire pendant longtemps, soit au point de vue des relations commerciales, de la concurrence extérieure contre laquelle sa situation géographique la protège.

Ce livre tout entier a répondu d’avance à ces raisons. Il ne faut pas s’y méprendre. Si la modicité de l’impôt est une des causes de la prospérité de la Chine, elle n’est pas la seule. et surtout, elle est bien loin d’en être la plus directe. En réalité, il serait plus juste de ne voir en elle qu’un résultat des institutions, et en premier lieu du système même de l’impôt et du régime de la propriété. C’est grâce à ce système qui frappe la stérilité, l’oisiveté, la mort, que toutes les terres ont été cultivées et que la population s’est développée. C’est grâce à ce système, qui libère toutes les branches de l’activité, que la production, sollicitée par une consommation intérieure sans autre exemple, a atteint des proportions dont l’exploitation de la famille