Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/43

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comme la plus douloureuse des extrémités pour les parents, n’est point poursuivi par l’État ? alors qu’il existe au contraire, depuis la plus haute antiquité, des orphelinats et des établissements spéciaux où ces enfants que l’on va en quelque sorte chercher à domicile, reçoivent les soins les plus assidus et les plus intelligents. Car telle est la vérité ; croire que, avant l’arrivée des missionnaires catholiques en Chine, les enfants mouraient comme des chiens dans les rues, et qu’en dehors de l’Église catholique, apostolique et romaine, il n’y a ni salut, ni pitié, ni charité, est une erreur dont il faut absolument se débarrasser. Du reste, le lecteur va en juger lui-même ; mais avant d’exposer les deux systèmes, chinois et catholique, et les procédés suivis dans leurs différents orphelinats, je dois répéter que, de même que l’infanticide et pour les mêmes raisons, l’abandon et l’exposition des enfants sont beaucoup plus rares en Chine qu’en France. Un missionnaire, le P. Chevrier ou Cherrier, placé à la tête de l’établissement de la Sainte-Enfance à Tien-Tsinn, ville de plus de 300,000 âmes, me disait, en 1862, que depuis l’ouverture de cet établissement, qui datait de trois ans, il n’avait pas encore pu, par aucun moyen, se procurer un seul enfant.

Puis, l’abandon n’y a pas ce caractère définitif qu’il a ailleurs. Il cesse très souvent avec les causes qui l’avaient déterminé : et comme la pauvreté n’est pas incurable, mais passagère, les parents vont très souvent