Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/49

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dont les trois temps qui marquent son existence : passé, présent, futur, ne sont capables de dissoudre ni l’éternelle solidarité, ni les éternels intérêts. Ainsi, l’unité et la solidarité humaine, que l’on trouve bien aussi à la base des autres civilisations, mais qui y sont contredites par l’idée que nous avons de la mort et du salut individuel, n’existent en Chine qu’à la condition d’être éternelles. Pour mieux affirmer leur façon de concevoir cette solidarité et cette unité du genre humain, ils vont jusqu’à supprimer un de ses modes ; en parlant des vivants et de la postérité, ils les appellent : la future antiquité, essayant ainsi d’effacer de l’esprit l’idée qui divise cette éternelle humanité.

Ils vont encore plus loin. Comme si leur intelligence se refusait à admettre une solidarité qui ne résulterait pas de l’identité des générations, ils avaient autrefois, et ils ont encore dans quelques localités, la coutume, dans les cérémonies funèbres, de faire représenter le mort par un enfant auquel on rend tous les honneurs que l’on adresse à celui dont il tient la place et qui semble alors s’être déjà réincarné. La terre n’appartient donc pas seulement à la collectivité vivante. Ils n’admettent pas que le travail et la plus-value qu’il ajoute sans cesse à la terre puissent absorber la propriété du fonds. Ils n’estiment pas que les vivants, cette partie si éphémère de l’humanité, aient le droit de gaspiller les biens qu’ils ont recueillis du passé ; ils ne leur reconnaissent pas le droit d’user et d’abuser d’une parcelle quelconque du domaine