Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

en échappant à ta vieillesse. — Ménélaos, où vas-tu, agitant çà et là ta pensée et plongé dans des préoccupations contraires ?

MÉNÉLAOS.

Laisse. En y réfléchissant, je ne sais de quel côté me tourner.

ORESTÈS.

Ne prends donc pas de résolution. Écoute-moi d’abord, tu te décideras ensuite.

MÉNÉLAOS.

Parle ! tu as bien dit. Il est un moment où le silence vaut mieux que la parole, et un moment où la parole est préférable au silence.

ORESTÈS.

Je parlerai donc. Les longs discours l’emportent sur les discours plus brefs et sont plus clairs à comprendre. Ne me donne rien de tes biens, Ménélaos, mais rends-moi ce que tu as reçu de mon père. Je ne parle pas de richesses ; mes richesses sont que tu me sauves la vie, ce que j’ai de plus cher. J’ai mal agi, mais, en retour de ce mal, il convient que j’obtienne de toi, même quelque chose d’injuste. En effet, mon père Agamemnôn, ayant injustement rassemblé toute la Hellas, partit pour Ilios, n’ayant point failli par lui-même, mais afin de réparer la faute et l’iniquité de ta femme. Il faut me rendre un service en retour d’un service. Il a exposé véritablement son corps pour toi, luttant dans le combat, afin que tu reprisses possession de ta femme, ainsi qu’il convient