Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et allume la rage guerrière contre cette ville. Puisse cela ne pas être ! En effet, les douleurs sont communes entre amis, et si cette terre fortifiée de sept tours doit souffrir, ces maux accableront aussi le pays Phoinissien. Hélas ! hélas ! les enfants d'Iô-Porte-Corne ont le même sang, et je partage leurs maux.

Antistrophe II.

Mais, autour de la Ville, l’épaisse nuée des boucliers est pleine d’éclairs, image de la sanglante mêlée qu’Arès doit bientôt porter aux enfants d’Oidipous, désastre envoyé par les Érinnyes. Ô Argos Pélasgique, j’ai peur de la force et de la vengeance divines. En effet, il ne se rue pas armé pour un combat injuste, celui qui réclame ses demeures.




POLYNEIKÈS.

Les gardiens des portes m’ont ouvert facilement les barrières, et je suis entré dans la Ville ; aussi je crains que, m’ayant reçu dans leurs rets, ils ne me renvoient pas sans verser mon sang. C’est pourquoi mes yeux doivent se tourner ici et là, de peur de quelque embûche. Mais, la main armée de cette épée, je me rassurerai sur mon audace. Holà ! Qui va là ? Suis-je donc effrayé d’un bruit ? Tout semble péril, en effet, aux audacieux quand ils mettent le pied sur une terre ennemie. Certes, je me fie à ma mère qui m’a persuadé de venir sur la foi d’un traité, et cependant je ne m’y fie pas non plus. Mais voici une aide. En effet, il y a, ici près, des foyers d’autels et une demeure habitée. Allons ! je renfoncerai l’épée dans la gaîne obscure, et j’interrogerai celles-ci qui sont devant les demeures, et qui elles sont. — Femmes étran-