Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/180

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né. Mais pourquoi ces paroles ? Il faut supporter les choses fatales. Comment te demander… je crains que ce que je veux savoir ne te déchire l’âme, et cependant j’en ai le désir.

POLYNEIKÈS.

Demande, n’omets rien. Tout ce que tu veux me plaira aussi.

IOKASTÈ.

Je t’interrogerai donc sur ce que je veux d’abord savoir. Être exilé, est-ce un grand mal ?

POLYNEIKÈS.

Très grand, plus, par le fait, qu’on ne peut dire.

IOKASTÈ.

Comment ? Quel est le malheur des exilés ?

POLYNEIKÈS.

C’est un très grand malheur. L’exilé n’a plus la liberté de parler.

IOKASTÈ.

Ceci est d’un esclave de ne pouvoir dire ce qu’il pense.

POLYNEIKÈS.

Il faut subir les inepties des puissants.

IOKASTÈ.

Il est amer d’être insensé avec les insensés.