Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/205

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KRÉÔN.

Je ne l’ai pas encore oublié. Mais ranime tes forces, reprends haleine, et chasse la fatigue de la route.

TEIRÉSIAS.

Sans doute je suis accablé de fatigue, étant arrivé ici, hier, de la terre des Érekhthides. En effet, il y avait là une guerre contre Eumolpos, et j’ai fait que les Kékropides ont été glorieusement victorieux, et je possède cette couronne d’or, comme tu vois, que j’ai reçue en prémices des dépouilles ennemies.

KRÉÔN.

Je veux que ta couronne victorieuse soit regardée comme un présage, car, ainsi que tu le sais, nous sommes assaillis par une tempête guerrière de Danaïdes, et un grand danger est sur Thèba. Le Roi Étéoklès, couvert de ses armes, marche déjà à la bataille Mykènide ; mais il m’a ordonné de savoir de toi ce que nous avons à faire pour sauver la Ville.

TEIRÉSIAS.

Pour ce qui concerne Étéoklès, j’aurais la bouche close et je tairais mes oracles ; mais sur toi, puisque tu veux savoir, je parlerai. Depuis longtemps déjà cette terre est en peine, Kréôn, depuis que Laios a engendré des enfants malgré les Dieux et a fait naître le malheureux Oidipous mari de sa mère ; et le déchirement sanglant de ses yeux est l’œuvre des Dieux et un enseignement à la Hellas. Les fils d’Oidipous ont voulu pendant longtemps cacher ces choses, comme s’ils tentaient d’échapper aux Dieux ;