Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/214

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altéré de sang celui des Dieux qui fit cela. Les gémissements des mères, les gémissements des vierges jetaient dans les demeures une voix lamentable, un chant lugubre, qui retentissaient de l’un à l’autre par la Ville. Mais ces clameurs étaient semblables aux gémissements du tonnerre, toutes les fois que la Vierge ailée enlevait un homme de la Ville.

Antistrophe.

Enfin, envoyé par le Pythien, le malheureux Oidipous vint dans la terre Thèbaienne dont il fut d’abord la joie, puis la douleur. Après l’illustre victoire de l’Énigme, le malheureux contracta avec sa mère de funestes noces ; et il souilla la Ville, et il la jeta dans le sang, et, par ses imprécations, il poussa ses fils à un exécrable combat. Nous admirons, nous admirons celui-ci qui va à la mort pour la terre de la patrie, laissant le deuil à Kréôn, mais devant illustrer d’une glorieuse victoire les murailles aux sept tours de cette ville. Plaise aux Dieux que nous devenions mères aussi et que nous ayons des enfants bien nés, chère Pallas, toi qui tuas le Dragon d’une pierre lancée par Kadmos, le poussant à cette action qui causa cette peste daimonienne et dévastatrice de cette terre !

LE MESSAGER.

Holà ! Qui est aux portes de la demeure ? Ouvrez ! faites sortir Iokastè. Holà ! holà ! Tu es en retard, mais, cependant, sors, écoute, illustre femme d’Oidipous ! Cesse tes gémissements et tes larmes de tristesse.

IOKASTÈ.

Ô très cher ! viens-tu m’annoncer quelque calamité ?