Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/221

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conditions, et les chefs, au milieu des deux armées, unirent leurs serments qu’ils s’y conformeraient. Déjà, les deux jeunes hommes du vieux Oidipous couvraient leurs corps d’armures d’airain, et ils étaient aidés par leurs amis ; le roi de ce pays par les chefs Kadméiens, et l’autre par les chefs des Danaïdes. Et ils étaient debout, resplendissants, sans changer de couleur, et pleins de la fureur de lancer la pique l’un contre l’autre. Et leurs amis, s’approchant de l’un et de l’autre, enflammaient leurs cœurs par ces paroles : — Polyneikès, c’est à toi d’ériger une statue à Zeus en signe de trophée et de donner une grande gloire à Argos ! — Et à Étéoklès à son tour : — En ce jour tu combats pour la patrie. Victorieux, tu possèderas le sceptre. — Ils parlaient ainsi, les exhortant au combat. Et les divinateurs égorgeaient des brebis, et ils observaient l’ardeur du feu et les déchirures des viscères humides, et les jets de lumière qui indiquent un double augure, le signe de la victoire et de la défaite. Donc, si tu as quelque remède, ou de sages paroles, ou des incantations qui charment, va ! éloigne tes fils de ce combat cruel, car le danger est grand, et le prix amer de ce combat ne sera pour toi que des larmes, étant privée en ce jour de tes deux fils.

IOKASTÈ.

Ô ma fille Antigonè, sors des demeures ! Notre destinée présente ne te permet plus de rester dans les danses ni dans l’assemblée des vierges. Il te faut empêcher deux hommes courageux, tes frères, qui vont à la mort, de s’entretuer.