Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/256

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plaire, quoique, telle qu’une lionne qui vient de mettre bas, elle soit irritée contre ses serviteurs quand un d’eux s’approche pour lui parler. On ne serait point dans l’erreur en nommant insensés et imprudents les anciens hommes qui inventèrent les hymnes dans les fêtes et les festins, ces chants qui réjouissent la vie, car personne n’a trouvé le moyen d’adoucir par le chant uni à la vibration des cordes lyriques les tristes chagrins des mortels, d’où viennent les meurtres et les événements lamentables qui ruinent les demeures. C’est ainsi qu’il eût fallu guérir les mortels par la musique. Où sont les festins joyeux auxquels sert le chant ? La joie du festin suffit à la volupté des mortels.




LE CHŒUR.

J’ai entendu la clameur lugubre de ses lamentations. Elle pousse des cris aigus et douloureux contre celui qui a trahi son lit, contre l’homme funeste qui l’a épousée. Elle invoque, à cause des outrages dont elle souffre, la fille de Zeus, gardienne du serment, Thémis, qui l’amena dans la Hellas située en face de Kolkhôs, par une navigation nocturne, à travers les détroits salés et difficiles de la mer.




MÈDÉIA.

Femmes Korinthiennes, je suis sortie de la demeure afin que vous ne me blâmiez pas. Je sais, en effet, qu’il y a beaucoup de mortels, comme je l’ai vu de mes yeux ou comme je l’ai entendu dire de ceux qui me sont étrangers, qui, les uns par orgueil, et les autres par leurs habitudes paisibles, se sont acquis un mauvais renom, et une