Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

retraite de mon foyer ! aucun de mes ennemis ne se réjouira impunément des douleurs qui déchirent mon âme. Je leur ferai d’amères et tristes noces, une amère alliance, et je leur rendrai amer mon exil hors de cette terre. Allons ! Mèdéia, n’épargne aucun des arts que tu connais. Délibère et ourdis, va vers l’action terrible. C’est maintenant qu’il faut agir courageusement. Vois ce qui t’est réservé. Il ne convient pas que tu sois en risée aux Sisyphides et à la fiancée de Iasôn, toi qui es née d’un noble père et qui descends de Hèlios. Tu es habile, et nous, femmes, nous sommes, par notre nature, très inhabiles au bien, mais les plus ingénieux artisans de tous les maux.




LE CHŒUR.
Strophe I.

Le cours des fleuves sacrés remonte, la Justice et toute chose sont renversées, les desseins perfides sont parmi les hommes, et la foi des Dieux n’est plus. La renommée a changé au point qu’on loue mon sexe, l’honneur est accordé à la race des femmes ; une mauvaise réputation ne pèse plus sur elles.

Antistrophe I.

Les Muses cesseront de célébrer notre perfidie dans les anciens chants. Ce n’est pas, en effet, à notre esprit que Phoibos, qui mène les hymnes, a donné le chant divin de la lyre ; car, à notre tour, nous aurions chanté un hymne contre le sexe mâle. Une longue suite de générations a beaucoup à dire sur les hommes autant que sur nous.