Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/277

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MÈDÉIA.

Kréôn, qui est le maître de cette terre Korinthienne.

AIGEUS.

Assurément, femme, il t’est pardonnable de gémir.

MÈDÉIA.

Je suis perdue, et, par surcroît, je suis chassée de cette terre.

AIGEUS.

Par qui ? Tu m’apprends un nouveau malheur.

MÈDÉIA.

Kréôn me chasse et m’exile de la terre Korinthienne.

AIGEUS.

Et Iasôn le permet ? Je n’approuve pas cela non plus.

MÈDÉIA.

Non pas de paroles, mais de cœur il le désire. Je t’implore par tes joues, par tes genoux, je me fais ta suppliante, aie pitié, aie pitié de moi malheureuse ! Ne me laisse pas exilée, abandonnée, mais reçois-moi, comme un hôte, dans ton pays et dans tes demeures ! Que ton désir d’avoir des enfants soit exaucé par les Dieux, et puisses-tu mourir heureux ! Tu ne sais pas combien il te sera profitable de m’avoir rencontrée. Je ferai que tu ne manqueras pas plus longtemps d’enfants et que tu aies une nombreuse postérité. Je connais de tels philtres.