Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/280

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LE CHŒUR.

Que le Conducteur, fils de Maia, te ramène dans ta demeure, ô Roi ! Que tout ce que tu agites dans ton cœur s’accomplisse, Aigeus, car tu t’es montré à moi comme un homme bien né !




MÈDÉIA.

Ô Zeus ! Justice, fille de Zeus ! Lumière de Hèlios ! Maintenant, amies, je serai glorieusement victorieuse de mes ennemis, et je suis en bonne voie. Maintenant j’ai l’espoir de châtier mes ennemis. Cet homme, en effet, m’est apparu comme un port dans mes plus grandes peines, et j’y attacherai le cable de ma nef, dès mon arrivée dans la Ville et dans la citadelle de Pallas. Mais je te dirai tous mes desseins. Écoute des paroles non faites pour plaire. Ayant envoyé un de mes serviteurs, je prierai Iasôn de venir vers moi, et je le recevrai par de flatteuses paroles, et je lui dirai que tout me plaît, et que je loue le mariage royal par lequel je suis trahie, et que ses résolutions sont utiles et honnêtes. Je lui demanderai que mes enfants restent ici, non pour abandonner mes fils dans le pays de mes ennemis, pour y être outragés, mais afin de tuer par ruse la fille du Roi. Je les enverrai, portant dans leurs mains des présents à l’épouse, pour qu’on ne les chasse pas de cette terre : un léger péplos et une couronne d’or. Et quand la jeune fille en aura orné son corps, elle mourra misérablement, ainsi que tous ceux qui la toucheront, tant j’aurai pénétré ces présents de poisons. Mais, ici, je m’interromps ; je gémis en pensant à l’action que je dois accomplir : car je tuerai mes enfants, et personne ne me