Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/31

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péplos, car, avant d’être égorgée, mon cœur est consumé par les lamentations de ma mère et je la déchire par mes gémissements. Ô lumière ! car il m’est encore permis de prononcer ton nom, mais il n’est plus rien de commun entre nous, si ce n’est le peu de temps qui me reste entre l’épée et le bûcher d’Akhilleus.

HÉKABÈ.

Hélas ! je défaille, et mes membres se rompent. Ô ma fille, embrasse, tends-moi la main, donne ! Ne me laisse pas sans enfants ! Ô amies, je suis perdue ! Puissé-je voir en cet état la Lakainienne, sœur des Dioskoures, Hélénè ! elle qui, par ses beaux yeux, a détruit honteusement l’heureuse Troia !

LE CHŒUR.
Strophe I.

Vent, vent marin, qui portes sur la mer gonflée les nefs rapides qui parcourent les flots, où me pousseras-tu, malheureuse que je suis ? Vers quelle demeure irai-je pour y être esclave ? Vers quel port de la terre Dôride, ou de la Phthia où l’on dit que l’Apidanos, père des eaux les plus belles, engraisse les plaines ?

Antistrophe I.

Irai-je, malheureuse, conduite par l’aviron qui fend la mer, mener une vie lamentable dans l’Île où, ayant germé pour la première fois, le palmier et le laurier tendirent à la bien-aimée Latô les rameaux sacrés, offrande à l’enfantement divin ? Chanterai-je avec les vierges Dèliennes la couronne d’or et les flèches de la Déesse Artémis ?