Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/335

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LA NOURRICE.

Ce que j’ai dit, ô enfant, ne devait pas être révélé.

HIPPOLYTOS.

Cependant, les choses honnêtes n’en sont que plus honorables à dire.

LA NOURRICE.

Ô fils, ne viole pas ton serment !

HIPPOLYTOS.

La bouche a juré, mais non mon cœur.

LA NOURRICE.

Ô enfant, que vas-tu faire ? Tu vas perdre tes amis.

HIPPOLYTOS.

Je les renie ! Aucun coupable n’est mon ami.

LA NOURRICE.

Pardonne ! Il est de la nature humaine de se tromper, ô fils !

HIPPOLYTOS.

Ô Zeus ! pourquoi as-tu fait naître à la lumière les femmes, cette calamité des hommes ? Si tu voulais créer la race humaine, il ne fallait pas la faire naître des femmes. Les hommes, suspendant dans tes temples l’or, le fer ou l’airain, auraient acheté des enfants au prix où chacun les aurait estimés, et ils auraient habité leurs demeures sans enfants et sans femmes. Maintenant, aussitôt que nous voulons amener cette calamité dans nos demeures, nous épuisons tous nos biens. D’où il est manifeste qu’une