Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/339

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de Troizènia ! accordez seulement à mes prières de garder le silence sur ce que vous avez entendu.

LE CHŒUR.

Je jure par la chaste Artémis, fille de Zeus, de ne jamais rien révéler de tes maux.

PHAIDRA.

Tu as bien parlé. Pour moi, j’ai trouvé un unique remède à mon malheur, afin d’assurer une vie honorable à mes enfants et me sauver moi-même, après le coup qui me frappe. Jamais, en effet, je ne déshonorerai la race Krètoise, ni ne paraîtrai devant Thèseus, pour sauver mon âme, souillée de crimes honteux.

LE CHŒUR.

Veux-tu donc accomplir un irréparable malheur ?

PHAIDRA.

J’ai résolu de mourir. Comment ? j’y songerai.

LE CHŒUR.

Parle mieux.

PHAIDRA.

Et toi, donne-moi de bons conseils. Je réjouirai Kypris qui me perd, en renonçant aujourd’hui à la vie, vaincue par un amour cruel. Mais, morte, je ferai le malheur d’un autre, afin qu’il sache qu’il ne lui faut point s’enorgueillir de mes maux. En prenant sa part de mon mal, il apprendra à être plus modeste.