Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/355

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LE CHŒUR.
Strophe I.

Certes, la prévoyance des Dieux, quand elle s’impose à ma pensée, m’ôte mes inquiétudes ; mais à peine pensé-je l’avoir comprise, que j’y renonce en voyant les misères et les actions des mortels. Ils vont, en effet, de vicissitudes en vicissitudes, et l’existence des hommes est toujours soumise à d’innombrables changements.

Antistrophe I.

Plaise à la divine Moire de m’accorder une fortune et une vie heureuses, et un cœur libre de peines ! Que ma renommée ne soit ni illustre, ni méprisable ! et, variant du jour au lendemain mes mœurs faciles, que je mène une heureuse vie partagée !

Strophe II.

Mais je n’ai plus l’esprit tranquille, depuis que je vois, contre mon espérance, l’astre resplendissant d’Athana exilé dans un autre pays, à cause de la colère de son père. Ô sable du rivage de la patrie ! Ô halliers des montagnes, où, à l’aide des chiens rapides, il tuait les bêtes sauvages, compagnon de la chaste Diktyna !

Antistrophe II.

Tu ne monteras plus désormais sur un char attelé de cavales Vénètes, poussant sur la plage de Limna tes chevaux exercés à courir d’un pied sûr ! Ta cithare, dont les cordes vibraient toujours sur le chevalet, se taira dans la