Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/381

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LA SERVANTE.

Les ornements dans lesquels son mari l’ensevelira sont prêts.

LE CHŒUR.

Qu’elle sache maintenant qu’elle meurt glorieusement et la meilleure de toutes les femmes qui sont sous Hèlios !

LA SERVANTE.

Comment ne serait-elle pas la meilleure ? Qui le niera ? Quelle autre femme pourrait l’emporter sur elle ? Quelle autre pourrait mieux faire pour son mari que de mourir pour lui ? La Ville entière le sait ; mais tu seras plein d’admiration, en apprenant ce qu’elle a fait dans la demeure. Quand elle sentit approcher le jour sacré, elle lava son corps blanc dans l’eau fluviale, et, tirant des coffres de cèdre une robe et des ornements, elle se para richement ; et, se tenant debout devant le foyer, elle pria ainsi : — Maîtresse ! Je vais aller sous la terre, et, te vénérant pour la dernière fois, je te demande de protéger mes enfants orphelins ! Donne à l’un une chère femme, et à l’autre un mari de bonne race. De même que moi, leur mère, que mes enfants ne meurent pas avant le temps ; mais que, dans la prospérité, ils mènent jusqu’au bout une vie heureuse sur la terre de la patrie ! — Et, s’approchant de tous les autels qui sont dans les demeures d’Admètos, elle les couronna ; et, arrachant le feuillage des rameaux de myrte, elle pria sans lamentation et sans gémissement ; et le malheur prochain ne changeait point son aspect doux et beau. Puis, entrant dans la chambre nuptiale, et tombant sur le lit, elle versa des larmes, et dit : — Ô lit, où