Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/410

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demain. Le cours de la fortune est incertain, on ne sait où il va, nul ne peut nous l’enseigner, aucune science ne peut le révéler. Donc, instruit de ceci par moi, réjouis-toi, bois, vis au jour le jour, et laisse le reste à la fortune ! Honore aussi Kypris qui est la plus douce des Déesses pour les mortels. En effet, c’est une aimable Déesse. Laisse tout le reste, et obéis à mes paroles, si je te semble avoir bien parlé, et certes, je le pense. Ainsi, chassant une trop grande tristesse, ne veux-tu pas boire avec moi et passer ces portes, couronné de fleurs ? Certes, je sais que le bruit des coupes, te retirant de cette tristesse et de ce chagrin, te conduira à bon port. Puisque nous sommes mortels, il convient que nous nous conformions aux choses mortelles. En effet, pour tous les hommes tristes et austères, selon que j’en juge, la vie n’est pas la vraie vie, mais une calamité.

LE SERVITEUR.

Je sais cela ; mais ce que j’éprouve n’appelle ni le rire ni les festins.

HÈRAKLÈS.

Cette morte est une femme étrangère ; ne gémis pas outre mesure, car les maîtres de cette demeure sont vivants.

LE SERVITEUR.

Comment, vivants ? Tu ne sais pas les maux qui sont dans la demeure.

HÈRAKLÈS.

À moins que ton maître m’ait trompé.