Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/420

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donné l’hospitalité dans tes demeures, comme si tu n’étais inquiet que d’un malheur étranger. Et j’ai couronné ma tête, et j’ai offert aux Dieux des libations dans tes demeures qui gémissent. Et, certes, je me plains, je me plains de ceci. Cependant, je ne veux pas t’attrister dans tes douleurs, et je te dirai enfin pour quelle cause je suis revenu ici. Reçois de moi cette femme-ci, et garde-la jusqu’à ce que je revienne, ramenant les chevaux Thrèkiens, après avoir tué le tyran des Bistones. Si je subis la destinée, et plaise aux Dieux que cela ne soit pas, car je les prie de m’accorder le retour, je te donne cette femme pour qu’elle te serve dans ta demeure. Elle est tombée dans mes mains après un grand effort. Je me suis trouvé, en effet, à un combat public où de dignes prix étaient offerts aux athlètes, et j’ai emmené celle-ci pour récompense de ma victoire. Pour les combats légers, des chevaux étaient réservés aux vainqueurs, et pour les combats plus sérieux, pugilat ou lutte, des bœufs, et, ensuite, cette femme. Comme j’étais là par hasard, il m’eut été honteux de négliger ce prix glorieux. Mais, comme je l’ai dit, il te faut prendre soin de cette femme, car je l’ai acquise, non par ruse, mais avec peine. Peut-être qu’un jour tu me rendras grâces.

ADMÈTOS.

Ce n’est point en te méprisant, ni en te comptant au nombre de mes ennemis, que je t’ai caché la malheureuse destinée de ma femme ; mais c’eût été une douleur ajoutée à ma douleur, que tu fusses allé dans la demeure d’un autre hôte. C’était assez pour moi de gémir sur mon malheur. Mais, si cela se peut, je te supplie, ô Roi, de confier cette femme à quelque autre Thessalien, qui n’a pas