Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/436

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA SUIVANTE.

Penses-tu donc qu’aucun de ces messagers s’inquiète de toi ?

ANDROMAKHÈ.

D’où vient cela ? Veux-tu donc porter toi-même mon message ?

LA SUIVANTE.

Mais que dirai-je, si je suis longtemps absente de la demeure ?

ANDROMAKHÈ.

Tu trouveras de nombreuses raisons, car tu es femme.

LA SUIVANTE.

Il y a du danger, car Hermionè n’est pas une gardienne négligente.

ANDROMAKHÈ.

Tu le vois ! tu abandonnes tes amis dans le malheur.

LA SUIVANTE.

Certes, jamais ! Ne me fais point ce reproche. J’irai, car la vie d’une femme esclave n’est pas regrettable, dussé-je subir quelque malheur.

ANDROMAKHÈ.

Va donc ! Pour moi je ferai monter vers l’Ouranos les gémissements et les lamentations dont je suis toujours la proie ; car c’est une consolation naturelle pour les femmes, dans leurs maux présents, de les avoir sans cesse à la bouche et sur la langue. Et je n’ai pas une seule raison,