Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/478

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nous approchâmes des autels avec les Proxènes et les Divinateurs Pythiques. Et quelqu’un dit : — Ô jeune homme, qu’implorerons-nous du Dieu pour toi ? Pour quelle cause es-tu venu ? — Et Néoptolémos répondit : — Je veux expier une offense faite à Phoibos. En effet, je lui ai demandé autrefois qu’il vengeât le sang de mon père. — Et, alors, la calomnie d’Orestès l’emporta fortement, que mon maître mentait et qu’il était venu dans un dessein criminel. Et celui-ci marcha vers le sanctuaire, afin de supplier Phoibos devant l’Oracle, et il considérait les victimes consumées. Et, en face, était une troupe armée d’épées et ceinte de lauriers ; et, parmi eux, était le fils de Klytaimnestra, le machinateur de tout cela. Et Néoptolémos, se tenant debout en présence de tous, priait le Dieu ; mais ceux-ci, armés d’épées aiguës, frappent brusquement le fils d’Akhilleus désarmé. Celui-ci recule sans tourner le dos. En effet, il n’était pas blessé d’un coup mortel. Il dégaîne, et, arrachant les armes suspendues aux clous du Parastade, il se tient devant l’autel, tel qu’un guerrier terrible, et s’écrie en interrogeant les fils des Delphiens : — Pourquoi me tuez-vous, quand je fais ici un voyage pieux ? Pour quel motif dois-je mourir ? — Aucun de ces hommes ne lui répondit, mais ils l’assaillaient de jets de pierres. Accablé de tous côtés par cette épaisse grêle, il lui opposait ses armes, et parait les coups en tendant son bouclier çà et là. Mais rien n’y faisait. D’innombrables traits, flèches, piques, dards et broches mortelles volaient devant lui. Tu aurais vu les admirables pyrrhiques de ton fils pour éviter les traits. Mais tous le tenant enfermé dans le cercle qui l’enveloppait et ne le laissant pas respirer, abandonnant le foyer de l’autel prêt pour les victimes et bondissant sur ses pieds comme pour