Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/550

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à Akhilleus, glorifiant l’homme et disant qu’il ne voulait naviguer avec les Akhaiens que s’il possédait une épouse de notre sang dans la Phthia. C’est ainsi que j’ai tenté de persuader ma femme, en prétextant les fausses noces de la jeune fille. Seuls d’entre les Akhaiens, nous savons ce qui en est, Kalkhas, Odysseus, Ménélaos et moi. Mais ce que j’ai résolu injustement, je le rétracte dans ces tablettes que tu m’as vu ouvrir et sceller dans l’ombre de la nuit. Allons, vieillard ! prends cette lettre et cours à Argos. Mais je veux te dire ce que cette lettre renferme sous ses plis, car tu es fidèle à ma femme et à ma maison.

LE VIEILLARD.

Parle et explique, afin que les paroles que je dirai soient conformes à ce que tu as écrit.

AGAMEMNÔN.

— Je t’envoie ceci après mes premières lettres, ô fille de Lèda, afin que tu n’envoies point ta fille à Aulis abritée des flots, sur les bords sinueux de l’Euboia. Nous célèbrerons, l’autre année, les noces de notre fille. —

LE VIEILLARD.

Mais comment Akhilleus, frustré de ces noces, ne sera-t-il pas saisi d’une colère furieuse contre toi et ta femme ? Ceci n’est-il pas dangereux ? Dis ce que tu penses.

AGAMEMNÔN.

Akhilleus ne nous prête que son nom, rien de plus. Il ne sait rien de ces noces, ni de nos desseins, ni de ma promesse de mettre ma fille dans son lit nuptial.