Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/593

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dignes de toi et de la vénérable Déesse, Daimôn de la mer !

KLYTAIMNESTRA.

Ah ! comment ne pas te louer sans mesure, ou, en te louant moins, ne pas manquer de gratitude ? Les bons, en effet, n’aiment pas ceux qui les louent à l’excès. Je rougis de t’apporter des plaintes lamentables et des douleurs privées, car tu ne subis point les mêmes maux que moi. Mais un homme de bien, quoiqu’étranger, fait toujours un excellent accueil aux malheureux auxquels il vient en aide. Aie donc pitié de moi, car je souffre de lamentables maux. J’avais nourri la vaine espérance de t’avoir pour gendre ; mais peut-être la mort de ma fille serait-elle d’un mauvais présage pour tes noces futures. C’est ce qu’il te faut prévenir. Tu as bien parlé en commençant et en finissant ; et, si tu le veux, ma fille sera sauvée. Veux-tu qu’elle embrasse tes genoux en suppliante ? Cela convient peu à une vierge. Si, cependant, cela te plaît, elle viendra, avec pudeur et dignité ; ou, même en son absence, obtiendrai-je de toi le même appui ?

AKHILLEUS.

Qu’elle reste dans la demeure ! car la pudeur est chose vénérable.

KLYTAIMNESTRA.

Cependant, autant que possible, il faut respecter ce qui est convenable.

AKHILLEUS.

Ne mène pas ta fille en ma présence, et n’encourons point de blâme. Une armée nombreuse, désintéressée de