Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/595

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AKHILLEUS.

Montre-toi d’abord à lui en suppliante, afin qu’il ne tue pas sa fille. S’il résiste, il te faut venir à moi. S’il consent à ce que tu veux, il n’est plus besoin de mon entremise. Ce sera le salut de ta fille, et je serai un meilleur ami pour Agamemnôn, et l’armée ne me blâmera pas d’avoir agi par raison plutôt que par violence ; et, tout étant heureusement accompli, il sera doux à tes amis et à toi d’avoir réussi sans mon entremise.

KLYTAIMNESTRA.

Combien tu as parlé sagement ! Il faut donc faire ce que tu veux. Si je n’obtiens pas ce que je veux, où te reverrai-je ? Où faudra-t-il aller, malheureuse ! pour retrouver ta main qui me vient en aide dans mes maux ?

AKHILLEUS.

Je te surveillerai et te garderai, autant qu’il le faudra, de peur qu’on te voie errer tristement à travers l’armée des Danaens et déshonorer la famille paternelle, car on ne doit point mal parler de Tyndaréôs. Il est grand, en effet, parmi les Hellènes.

KLYTAIMNESTRA.

Cela sera ainsi. Commande ; il convient que je t’obéisse. Si les Dieux existent, puisque tu es un homme juste, tu seras heureux. Sinon, à quoi sert-il de se donner tant de peines ?