Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
247
LES BAKKHANTES.

non en un seul lieu, mais dispersé dans les bois et péniblement recherché. J’ai appris, en effet, les actions mauvaises de mes filles, en rentrant dans les murs de la Ville avec le vieux Teirésias, ayant quitté les Bakkhantes ; et je suis retourné sur la montagne ; et j’apporte mon fils égorgé par les Mainades. J’ai vu Autonoè qui conçut autrefois Aktaiôn d’Aristaios, et Inô, et toutes deux furieuses encore dans les halliers ; et quelqu’un m’a dit qu’Agavè dans sa course Orgiaque venait ici. Et je n’ai pas entendu une vaine parole, car je la vois elle-même, spectacle lamentable !

Agavè.

Père ! tu peux te glorifier hautement, entre tous les mortels, d’avoir engendré les plus illustres de toutes les filles ! Je dis : toutes, mais moi surtout, qui, ayant quitté les fuseaux à tisser la toile, ai entrepris de plus grandes actions en saisissant de mes mains des bêtes sauvages. Je porte, en effet, dans mes bras, tu le vois, ce prix du courage, afin qu’il soit suspendu dans tes demeures. Toi, père, reçois-le de mes mains, et, te réjouissant de ma chasse, appelle tes amis au festin. Heureux es-tu, heureux, que nous ayons accompli de telles actions !

Kadmos.

Oh ! quelle action digne d’un deuil immense et intolérable à voir ! Quel meurtre vous avez accompli de vos misérables mains ! Après avoir offert ce beau sacrifice aux Daimones, tu nous convies à un festin, Thèba et moi ! Hélas ! à cause de ces maux ! Hélas sur toi d’abord, et