Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/100

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Iphigénie.

Lequel de vous se nomme Pylade ? voilà ce que je veux savoir d’abord.

Oreste.

C’est lui, s’il peut t’être agréable de l’apprendre.

Iphigénie.

De quelle ville grecque est-il citoyen ?

Oreste.

Quand tu le sauras, que t’en reviendra-t-il, ô femme ?

Iphigénie.

Êtes-vous frères nés de la même mère ?

Oreste.

Nous sommes frères par l’amitié, non par la naissance.

Iphigénie.

Mais toi, quel nom as-tu reçu de l’auteur de tes jours ?

Oreste.

Je suis malheureux ; voilà le nom qui me convient.

Iphigénie.

Ce n’est pas ce que je demande ; c’est là un tort de la fortune.

Oreste.

En mourant inconnus, on ne rira point de nous.

Iphigénie.

Pourquoi ce refus, ou pourquoi cette fierté ?

Oreste.

Tu immoleras mon corps, et non pas mon nom.

Iphigénie.

Ne diras-tu pas même la ville où tu es né ?

Oreste.

Tu demandes là une chose inutile à un homme qui va mourir.

Iphigénie.

Et qui t’empêche de m’accorder cette grâce ?