Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/145

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seras ensevelie après ta mort, et l’on déposera sur ton tombeau les tissus précieux laissés par les femmes qui auront expiré dans les douleurs de l’enfantement. Je te recommande, Oreste, de ramener de ce pays ces femmes grecques, en reconnaissance du bon vouloir qu’elles vous ont témoigné. C’est moi qui t’ai sauvé et qui déjà, sur la colline de Mars, te donnai l’égalité des suffrages ; qu’à l’avenir cette loi soit toujours observée, d’absoudre celui qui obtient l’égalité des suffrages. Emmène donc ta sœur hors de ce pays, fils d’Agamemnon ; et toi, Thoas, calme ta colère.

Thoas.

Puissante Minerve, celui qui entend les ordres des dieux et refuse d’obéir est un insensé. Quoique Oreste emporte la statue de la déesse, je n’ai point de colère contre lui ni contre sa sœur. Qu’y a-t-il de beau à lutter contre la puissance des dieux ? Qu’ils aillent dans la contrée où tu règnes, et qu’ils y déposent sous d’heureux auspices la statue de Diane. Je renverrai aussi ces femmes dans la Grèce fortunée, comme ta voix me le commande. J’arrêterai l’armée et les vaisseaux destinés à poursuivre les fugitifs, puisqu’il te plaît ainsi, ô déesse.

Minerve.

Je loue ton obéissance, car le Destin règne sur toi, et même sur les dieux. Soufflez, vents favorables, portez à Athènes le fils d’Agamemnon : j’accompagnerai son navire et je veillerai sur la statue auguste de ma sœur.