Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/165

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HÉCUBE.

Et moi, de qui suis-je l'esclave, moi qui, avec ma tète blanchie, ai besoin de l'appui d'un bâton?

TALTHYBIUS.

C'est à Ulysse, roi d'Ithaque, que le sort t'a donnée pour esclave.

HÉCUBE.

[278] Hélas ! hélas ! frappe ta tête dépouillée, que tes ongles ensanglantés déchirent ton visage! Ah! malheur à moi! que le sort me fasse esclave d'un homme abominable, le plus fourbe des mortels, ennemi de la justice, violateur des lois ; vipère dont la langue perfide se plaît à affirmer tour à tour le pour et le contre, et à semer le trouble et la discorde ! Troyennes, pleurez sur moi; je suis perdue, c'est fait de moi, je suis tombée sur la plus malheureuse de toutes les chances.

LE CHOEUR.

Tu sais ton sort, reine auguste ; mais qui est celui des Achéens ou des Hellènes qui doit décider de ma destinée ?

TALTHYBIUS.

(aux serviteurs qui gardent la tente des captives}.

[294] Allez, gardes; faites venir au plus tôt Cassandre en ces lieux, pour que je la remette aux mains d'Agamemnon, et qu'ensuite je conduise vers les autres les captives qui leur sont échues. ... Mais que vois-je ? que signifie l'éclat de ces torches qui brillent dans la tente ? Les Troyennes désespérées, prêtes à partir pour Argos, voudraient-elles incendier leur asile, et se dérober à la servitude en livrant leurs corps aux flammes ? Les âmes nées pour la liberté plient difficilement sous le joug de l'esclavage. Ouvrez, ouvrez; ce qui pourrait être bon pour vous serait très mauvais pour les Grecs, et l'on en rejetterait la faute sur moi.

HÉCUBE.