Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE CHOEUR.

Tes malheurs sont les nôtres, et, en les déplorant, tu nous enseignes toute l'étendue de notre misère.

HÉCUBE.

[686] Je ne suis jamais montée sur un vaisseau ; mais ceux que j'ai vus en peinture (36), et ce que j'en ai ouï dire, me les ont fait connaître. Lorsque la tempête gronde sans déployer toute sa violence, les nautoniers se mettent à l'œuvre avec ardeur pour échapper au danger ; l'un court au gouvernail, l'autre aux voiles, un autre épuise l'eau de la sen tine ; mais si leurs efforts sont impuissants contre la furie de la mer bouleversée, ils cèdent à la fortune et s'abandonnent à la merci des flots. Ainsi moi, dans les maux qui m'accablent, je reste sans voix, et la plainte expire sur mes lèvres ; je cède à la tempête de l'adversité soulevée par les dieux. Mais, ma chère fille, laisse là les malheurs d'Hector, tes larmes ne sauraient le sauver. Honore ton nouveau maître, charme son cœur par le doux attrait de tes vertus. En agissant ainsi, tu feras la joie de tes amis, et tu pourras élever le fils de mon fils, pour être l'espoir de Troie et pour que ta postérité relève un jour les murs d'Ilion. Je vois s'avancer le héraut des Grecs; quels nouveaux ordres apporte-t-il?

TALTHYBIUS.

[709] Épouse d'Hector, le plus vaillant des Phrygiens, ne me prends pas en haine ; c'est contre mon gré que je viens t'annoncer les résolutions des Grecs et des Pélopides.

ANDROMAQUE.

Qu'est-ce donc que me prépare ce début sinistre ?

TALTHYBIUS.