Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/199

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Je vais bander ces plaies, hélas ! que je ne puis guérir ; pauvre médecin, j'en ai le nom sans l'habileté; mais ton père veillera sur toi chez les morts.

LE CHOEUR.

Que tes mains meurtrissent ta tête à grands coups : hélas !

HÉCUBE.

O compagnes chéries !

LE CHOEUR.

Hécube, explique-toi : quels sont ces cris que tu fais entendre ?

HÉCUBE.

[1240] Il n'est donc d'autre souci parmi les dieux, que mes souffrances, et la haine qu'ils ont conçue pour Troie entre toutes les villes ? En vain nous leur avons offert des sacrifices ! Mais si les dieux ne l'eussent renversée, ne l'eussent précipitée dans la poussière, nous serions tombés dans l'oubli, et les Muses n'auraient pas transmis à la postérité les chants qui célébreront notre infortune. Allez, enfermez ce corps 'dans la tombe ; les honneurs funèbres lui ont été rendus selon les rits ordinaires. Mais je crois qu'il importe peu aux morts d'obtenir de somptueuses funérailles ; ce n'est qu'une vaine pompe qui flatte l'orgueil des vivants.

LE CHOEUR.

O mère infortunée, qui fondais sur cet enfant de brillantes espérances d'avenir ! 0 jeune enfant, réputé heureux pour ton illustre naissance, tu es tombé victime d'une mort cruelle !

HÉCUBE.

Eh mais ! quels sont ces hommes que je vois sur les hauteurs d'Ilion, agitant dans leurs mains des torches ardentes? Un nouveau malheur va-t-il foudre sur Troie?