Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/377

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qui est la cause de tous mes malheurs ; je l’ai confiée à la garde du petit nombre d’amis qui me restent, et j’erre seul en ces lieux, pour chercher de quoi subvenir aux besoins de mes compagnons. En voyant ce palais orné de créneaux, ces portes dont l’aspect annonce l’opulence, je me suis approché : j’espère trouver dans cette riche demeure des secours pour mes matelots. Quant à ceux qui n’ont pas de quoi vivre, le voulussent-ils, ils ne pourraient pas nous servir. Holà ! n’y a-t-il pas un portier, qui aille annoncer ma misère aux maîtres de ce palais ?


Une vieille Esclave.

Qui frappe à cette porte ? Retire-toi ; ta présence devant cette entrée est importune à mes maîtres, sinon tu cours risque de mourir ; tu es Grec, et il n’y a point ici d’asile pour eux.

Ménélas.

Ô vieille, tout ce que tu dis là est fort bien ; j’obéirai ; mais parle avec plus de douceur.

La Vieille.

Retire-toi, étranger ; j’ai la mission expresse d’empêcher aucun Grec d’approcher de ce palais.

Ménélas.

Ah ! ne me repousse pas, n’use pas de violence.

La Vieille.

Tu ne veux pas m’écouter : la faute en est à toi.

Ménélas.

Va annoncer à tes maîtres…

La Vieille.

Il m’en coûterait cher d’aller porter tes paroles.