Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/391

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avez connu l’adversité : toi par la calomnie, lui par son ardeur belliqueuse. Tous ses efforts lui ont été inutiles, et maintenant il obtient le bonheur qu’il a longtemps cherché, lorsqu’il ne fait aucun effort pour l’atteindre. Tu n’as donc pas déshonoré ton vieux père ni les Dioscures ! tu n’es pas coupable des crimes dont on t’accuse ! Je renouvelle en ce moment ton hyménée, je crois voir les torches sacrées que je portais auprès du char traîné par quatre chevaux, qui vous conduisait tous deux au sortir de votre demeure fortunée. Celui-là est un méchant serviteur, qui ne se réjouit pas du bonheur de ses maîtres, qui ne s’afflige pas de leurs revers. Quoique né dans une condition servile, puissé-je être compté parmi les serviteurs fidèles et généreux ; si je n’ai pas le nom d’homme libre, j’en ai du moins le cœur. Il vaut mieux être esclave d’autrui que de supporter à soi seul le double malheur et d’avoir de mauvais sentiments, et d’en avoir la réputation.

Ménélas.

Vieillard, qui tant de fois à mes côtés partageas mes périls, maintenant aussi tu prends part à ma prospérité ; va annoncer à mes compagnons ce qui se passe, et notre fortune présente ; dis-leur qu’ils restent sur le rivage, et qu’ils attendent l’issue des nouveaux combats auxquels je me prépare, et qu’ils gardent Hélène, tandis que je cherche les moyens de sortir de cette terre, et de nous mettre tous, par une commune destinée, à couvert de la poursuite des Barbares.

Le Messager.

Ô roi, je vais exécuter tes ordres. Mais je vois combien les prophéties des devins sont ineptes et pleines de mensonges. On ne lit point la vérité dans la flamme du feu sacré ni dans les chants des oiseaux. Quel délire d’imaginer que les oiseaux puissent jamais éclairer les mortels ! Calchas