Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/393

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Hélène.

Ta réponse est meilleure que ma question. Dis-moi seulement une chose entre toutes : combien de temps, triste jouet des flots, tu as erré sur les mers.

Ménélas.

Outre les dix années employées sous les murs de Troie, j’en ai passé sept autres sur les flots.

Hélène.

Hélas ! infortuné, c’est un temps bien long ! échappé à ces périls, tu es venu en ces lieux chercher la mort.

Ménélas.

Quoi ! que dis-tu ? quel coup menace ma vie, ô femme ?

Hélène.

Fuis au plus tôt de cette terre barbare, ou tu mourras par l’ordre du tyran dont tu vois ici le palais.

Ménélas.

Qu’ai-je donc fait pour mériter la mort ?

Hélène.

Ton arrivée détruit l’espoir de celui qui recherche ma main.

Ménélas.

Est-il un mortel qui prétende à la main de mon épouse ?

Hélène.

Il veut renouveler l’outrage dont j’ai déjà eu à souffrir.

Ménélas.

Est-ce quelque grand de ce pays ou le roi lui-même ?

Hélène.

C’est le roi du pays ; c’est le fils de Protée.

Ménélas.

Voilà donc l’explication des paroles énigmatiques de la vieille esclave.