Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/405

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Hélène.

Je lui demanderai un navire, pour jeter dans le sein de la mer l’appareil destiné à ta sépulture.

Ménélas.

C’est fort bien dit ; mais s’il t’ordonne de m’ensevelir dans la terre, ton intention n’aboutit à rien.

Hélène.

Je lui répondrai qu’il est contraire aux lois de la Grèce d’ensevelir dans la terre ceux qui sont morts dans les flots.

Ménélas.

Voilà qui est bien imaginé. Je monterai avec toi sur le vaisseau pour jeter à la mer les offrandes mortuaires.

Hélène.

Sans doute, il faut que tu m’accompagnes avec tes compagnons échappés du naufrage.

Ménélas.

Si j’atteins le vaisseau encore à l’ancre, chacun de nous, armé de son épée, se tiendra près d’un des matelots.

Hélène.

C’est à toi à pourvoir à tout : puissions-nous seulement avoir un vent favorable et une heureuse navigation !

Ménélas.

Il en sera ainsi : les dieux mettront fin à mes souffrances. Mais de qui diras-tu que tu tiens la nouvelle de ma mort ?

Hélène.

De toi : tu diras que tu as seul échappé à la mort, en naviguant avec le fils d’Atrée, et que tu l’as vu mourir.

Ménélas.

Ces lambeaux dont mon corps est revêtu, tristes débris d’un naufrage, seront une preuve parlante.

Hélène.

Ils sont venus fort à propos, quoique la perte ait d’a-