Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/80

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été remplacés par d’autres plus commodes et plus élégants. Notre petit état-major avait aussi été changé. Le logement qu’on nous avait assigné étant très-éloigné, il nous fallut parcourir, pour y arriver, les principaux quartiers de la ville. On nous introduisit enfin dans un tribunal de second ordre, où résidait un mandarin dont les attributions sont à peu près analogues à celles d’un juge de paix. Plus tard nous aurons occasion de parler plus au long de ce magistrat et de sa famille. Après avoir échangé quelques paroles de politesse avec le maître du lieu, nous fûmes installés dans nos appartements, qui se composaient, pour chacun, d’une chambre convenablement meublée et d’un salon de réception. Du reste, le tribunal tout entier fut mis à notre disposition, avec ses cours, ses jardins et un charmant belvédère qui dominait la ville, et d’où la vue s’étendait jusque dans la campagne.

La nuit était clause depuis longtemps ; tout le monde se retira, et nous pûmes enfin nous trouver seuls et méditer un peu en paix sur la singularité de notre position. Quel drame que notre existence depuis deux ans ! Notre paisible départ de la vallée des Eaux noires avec Samdadchiemba, nos chameaux et notre tente bleue[1] ; nos campements et notre vie patriarcale à travers les pâturages de la Tartarie ; le fameux monastère Jamaïque de Kounboum et nos longues relations avec les religieux bouddhistes ; la grande caravane thibétaine ; les horreurs et les péripéties de cette épouvantable route dans les déserts de la haute Asie ; notre séjour à Lha-ssa ;

  1. Voir Souvenirs d’un voyage, passim.