Page:Fénelon - De l’éducation des filles. Dialogues des morts.djvu/461

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hésiter : en vérité, je ne vois pas que la simple machine puisse faire cela.

Descartes. — Je vous ai déjà dit que ces détails étaient de si petite conséquence qu’on ne se donne point la peine de les approfondir. Mais venons aux principes : les animaux sont de simples machines, ou bien ils ont une âme matérielle ou une spirituelle.

Aristote. — Pour la machine et l’âme spirituelle, je le nie.

Descartes. — Vous revenez donc à l’âme matérielle ?

Aristote. — Elle est bien plus probable que la simple machine ; et pour l’âme spirituelle, je crois qu’elle n’a été accordée qu’aux seuls hommes.

Descartes. — J’ai gagné un grand point : n’est-il pas vrai que la matière ne pense pas ?

Aristote. — Non.

Descartes. — Puisque la matière ne pense pas, comment voulez-vous donc qu’elle soit une âme qui n’est faite que pour penser ?

Aristote. — Eh bien ! ôtons-en la matière.

Descartes. — La voilà devenue âme spirituelle.

Aristote. — J’avoue que cette forme matérielle n’est qu’un pur galimatias et que je ne l’ai voulu soutenir que parce que mes écoliers l’enseignent ainsi : mais, en revenant à votre Être infini et tout-puissant, nous devons conclure qu’il a pu donner aux animaux une âme spirituelle et les a pu faire aussi de simples machines ; mais que, comme l’esprit des hommes est borné, il ne peut pas pénétrer jusqu’à cette science.

Descartes. — Vous voilà tombé dans la possibilité, et c’est une carrière où il est facile de s’étendre. Dans cette possibilité vous trouverez